vendredi 25 novembre 2011

L'énergie au coeur des débats : Une campagne électorale agitée en prévision de 2012

Que pensez vous des politiques énergétiques pronées par les différentes partis politiques ?

Association totalement apolitique, l'AEPN n'est pas indifférente au sort qu'on pourra réserver aux politiques énergétiques en France.

L'accord PS-EELV defraye régulièrement la chronique, avez vous une opinion à émettre ?

Libération :

Nucléaire : le bouquet énergétique n'a pas qu'une fleur (par un conseiller à l'énergie)

et : Analyse de la stratégie des Verts

et : réfutations des approximations au PS

 

Même le scénario Negawatt 2011 qui fonde les hypothèse actuelles est plus que mis en doute (voir ici)

 Episode suivant ? à suivre...


dimanche 30 octobre 2011

Développement du nucléaire civil : la Grande Bretagne fait le choix de la lucidité et de l'écologie pour la planete

Alors qu'en France  Europe Ecologie  joue son joker en instrumentalisant les peurs pour obtenir des sièges faute de réelle assise électorale, l'utilité du nucléaire civil reste une priorité en Grande Bretagne.
En ces temps de crise, de raréfaction des énergies fossiles, et de réchauffement climatique, la France ferait bien de retrouver la raison en analysant lucidement quel est l'intérêt de la planète !

En effet, pour qui se penche réellement sur le sujet, la réponse est claire (cf l'argumentation proposée par JM Jancovici ici)


Article dans Les Echos :

Grande-Bretagne : le programme nucléaire à la relance

L'inspecteur en charge de la sûreté nucléaire britannique a donné son feu vert au programme de relance du nucléaire, voté le mois dernier par les parlementaires britanniques. Un programme parmi les plus ambitieux d'Europe qui prévoit notamment la construction de 10 nouveaux réacteurs.

Écrit par
marckasperzac
Marckasperzac
21/09/2011 | 15:05
Le programme nucléaire britannique a franchi sa dernière étape. En remettant au ministre de l'Energie un rapport, "indiquant clairement que le dispositif de sécurité nucléaire au Royaume-Uni est l'un des meilleurs du monde, et que l'énergie nucléaire peut continuer à approvisionner l'industrie et les particuliers à travers le pays, tout en soutenant l'emploi", l'inspecteur en chef des installations nucléaires au Royaume-Uni, Mike Weightman, a donné un feu vert définitif à la relance du nucléaire civil outre-manche.
Unanimité politique
En juillet, le Parlement britannique avait approuvé dans une quasi-unanimité le plan de politique énergétique du Premier ministre David Cameron, qui prévoyait notamment le renouvellement du parc nucléaire, les députés travaillistes (opposition) se ralliant massivement à la politique de relance du nucléaire.
La Grande-Bretagne compte actuellement 10 centrales nucléaires, abritant 19 réacteurs et produisant environ un cinquième de l'électricité produite dans le pays. Le plan de relance de David Cameron prévoit notamment la construction de dix nouveaux réacteurs à travers le Royaume-Uni d'ici 2025.
"Je suis convaincu que les installations nucléaires britanniques ne présentent pas de faiblesses fondamentales en matière de sécurité", a affirmé M. Weightman dans un communiqué, tout en assurant que "les leçons de Fukushima seront tirées" par les Britanniques.
Un choix à contre-courant de l'Allemagne
L'unanimité observée au Parlement britannique et l'absence de polémique autour de ce vaste plan de relance peut surprendre au regard de la nouvelle donne nucléaire post-Fukushima et de la décision de l'Allemagne de sortir progressivement du nucléaire. Toutefois, des raisons pratiques peuvent expliquer ces différences d'appréciation.
A la différence de l'Allemagne, l'Angleterre ne dispose pas de solutions alternatives pour assurer son "baseload" énergétique (production électrique de base) : compte tenu de la raréfaction de ses réserves pétrolières de la mer du Nord, le pays ne peut pas compter comme les Allemands sur d'importantes ressources en charbon, sur l'abondance du gaz russe... et plus encore sur les interconnectivités avec le réseau électrique français lors des pics de consommation.
Compte tenu de ces différences pratiques, il est plus facile de comprendre comment les Britanniques ont chassé en un peu plus de six mois les fantômes de Fukushima afin d'assurer leur indépendance énergétique.
Une aubaine pour le secteur nucléaire français ?
Plusieurs entreprises européennes et américaines se sont déjà positionnées pour un marché qui est estimé à plus de 35 milliards d'euros. Outre l'espagnol Iberdrola et les allemands EON et RWE, deux entreprises françaises semblent bien placées : EDF et GDF-Suez.
EDF, déjà très implanté en Grande-Bretagne avec EDF Energy, souhaite notamment proposer son EPR à la Grande-Bretagne et candidater pour la construction de 4 réacteurs, dont le premier pourrait entrer en service dès 2018.

Quel mix énergétique pour l'Afrique ? une place pour des centrales au Thorium assez sures et rentables ?

L'option du nucléaire civil, à priori peu recommandée pour l'Afrique, tant sa maturité politique et technologique effraie, mérite qu'on y réfléchisse sereinement vu les périls qui la menacent : précarité énergétique, vulnérabilité aux prix des énergies fossiles payées en monnaie forte, mortalité énorme liée au faible développement.

Extrait de l'interview d'un visionnaire africain : 

"je pense que l’on peut aujourd’hui se donner les moyens de développer un nucléaire qui pourrait nous affranchir de ce type d’accident. En utilisant le thorium qui est pour moi, l’autre source d’énergie beaucoup plus abondante que l’uranium. Ce qui nous permettrait d’éviter de produire du plutonium qu’on utilise beaucoup plus dans le domaine militaire. Le thorium qu’on pourrait considérer comme le nucléaire domestique ne permettrait pas de produire du plutonium ; mais aussi, il saurait nous préserver des déchets nucléaires nocifs qui pourraient être très dangereux. Et, en combinant ce type de système avec un accélérateur de particules susceptible de prévoir le fonctionnement de ce type de réacteurs. Ce qui permettrait d’obtenir un niveau de sûreté inégalé, et carrément de s’affranchir de possibles accidents comme on l’a vu à Tchernobyl et de risque de fusion des cœurs comme on l’a vu à Fukushima récemment."


Article de SudOnline :



Des Africains qui militent chaque jour pour un renouveau du continent, il y en a encore. Et, Yacine Kadi en fait partie. Spécialiste de la physique appliquée au Cern*, le dynamique personnage qui cache son visage derrière ses lunettes de correction, est d’origine algérienne. Depuis plus d’une dizaine d’années, il travaille comme l’ensemble des chercheurs présents dans ce centre d’excellence de la recherche nucléaire sur les origines de la matière. Partagé entre ses activités beaucoup plus terre à terre liées la physique des matériaux, pour résoudre des problèmes ordinaires de la vie, mais aussi pour le développement de certaines technologies, capables d’être adaptées au domaine médical, à travers la production de radios isotopes, (dans l’imagerie médicale par exemple), Yacine Kadi se bat aussi pour la promotion d’une énergie nucléaire propre capable de sortir le continent africain du sous-développement et des pénuries récurrentes dans la fourniture d’électricité. Combattant infatigable d’une cause qu’on peut encore juger osée pour le continent, Yacine Kadi est au cœur d’un challenge immense : celui de tirer le continent vers le haut à travers l’accès rapide aux sources d’énergie nucléaire et accessoires technologiques nouvelles peu consommatrices d’énergie.
 
Yacine Kadi, nous sommes dans les locaux du Perimeter institute dans l’enceinte de l’Université de Waterloo pour parler d’énergie à l’horizon 2030. Loin des problèmes d’accès à l’électricité, l’essence ou le gaz à Dakar, Accra ou Kinshasa, que vous inspire cette échéance ? Quelles sont les urgences et à quoi peut-on s’attendre en matière de disponibilité en pétrole, gaz dans les années qui viennent.


Les urgences sont claires. Je crois qu’on s’en est rendu compte. Déjà, on a deux problèmes : on sait que certains pays consomment aujourd’hui énormément d’énergie. D’autres n’en consomment presque pas. Une des premières observations est à ce niveau. Je crois que le problème de l’énergie est inscrit dans une sorte d’urgence qui a été déjà posé depuis pas mal d’années et je crois qu’on est déjà bien en retard par rapport aux solutions qu’on devrait appliquer si on veut améliorer le sort des sociétés du monde.
On constate aujourd’hui que le réchauffement climatique est bien visible pour certains pays notamment. Cela, bien qu’il y ait encore des détracteurs qui estiment que tout cela est un effet biologique et atmosphérique ; que le réchauffement n’est pas du fait de l’homme. L’autre chose qui m’a le plus choqué est la disparité en termes d’utilisation de l’énergie dans le monde. Certains pays continuent à utiliser de l’énergie de manière très importante, se permettant même de la gaspiller ; d’autres en consomment beaucoup moins et n’arrivent pas à se développer.

Avec les conséquences graves que l’on connaît au niveau stabilité politique, financière, avec comme corollaire, la pauvreté et le chômage. Il est malheureux qu’en 2010, plus de la moitié de la population au monde, n’arrive pas à disposer d’énergie et est vouée à rester pauvre. Le problème étant finalement que les sources d’énergie qui sont utilisées aujourd’hui ne sont pas inépuisables. Or au même moment, les autres sources qui existent, plus durables sont sous-exploitées. Pour dire que 2030, je trouve que c’est déjà un peu tard ; mais c’est l’horizon idéal aujourd’hui pour le déploiement de technologies futures, si vraiment on se donne les moyens.


« Si on parvenait à dédiaboliser le nucléaire… »


Alors vous êtes un adepte du concept de Green nuclear power au moment où après la catastrophe de Fukushima au Japon, le monde semble vouloir tourner le dos au nucléaire. D’où viennent vos certitudes ?


C’est vrai que le dire aujourd’hui me paraît complètement provocateur. Utiliser le terme vert pour le nucléaire paraît un peu osé pour le monde surtout après la catastrophe japonaise avec toute la production de déchets nucléaire dans le monde, aussi avec la prolifération des mêmes déchets et des accidents. Ma conviction est que nous avons aujourd’hui les moyens technologiques qui nous permettraient de nous affranchir de ces fléaux. C’est une technologie qui nous permettrait de rendre le nucléaire beaucoup plus propre et aussi de le rendre beaucoup plus démocratique si je peux utiliser ce terme. Donc, un nucléaire qu’on pourrait utiliser dans beaucoup de secteurs comme la santé par exemple. Et pour moi, c’est une vision assez noble.

Il faut dire que le nucléaire a été surtout développé pour des usages militaires ; il a été converti par la suite à des usages civils  pour produire de l’électricité  et tout le monde en jouit aujourd’hui. Il a été utilisé par certains pays comme une arme de dissuasion  surtout pendant la guerre froide. Et pour certains pays accéder au nucléaire est une manière de s’imposer sur l’échiquier mondial ; c’est aussi une arme et je pense que si on parvenait à le « démocratiser »  et à le dédiaboliser  dans des options plus adaptées et accessibles à tous les pays, en supprimant le volet seulement militaire, ce serait une source énergétique idéale pour l’accès à une énergie suffisante et abondante pour les pauvres et les pays émergents. C’est un marché durable et s’il est maîtrisé, il peut être une source assez sure.


On a l’impression que tout d’un coup les pays en développement se sont rendu compte que l’exploitation de la source d’énergie nucléaire est aussi possible chez eux et qu’il pourrait peut être devenir plus rentable que les autres sources fossiles comme le pétrole ?


Je crois  que ce qu’on a vu après l’accident de Tchernobyl qui a été un désastre pour le nucléaire, est qu’il a beaucoup ralenti le développement de la recherche sur ce type d’énergie dans le monde. Certains pays n’ont pas hésité à dresser des moratoires pour l’abandon du nucléaire ou encore d’arrêter la construction de centrales. Ce qu’on a observé c’est que 20 ans après, le prix du pétrole avait augmenté et avait tellement cru que certains pays en voie de développement ont pris la décision de se tourner vers ce type d’énergie pour vaincre avec les pénuries. Et c’était encore moins cher que d’importer du gaz ou du pétrole. Ce qui a d’ailleurs expliqué ce boom où l’on va voir des pays comme l’Iran, le Venezuela, le Brésil, la Turquie,  les Emirats, l’Indonésie, le Vietnam, qui, aujourd’hui considèrent qu’ils devraient construire des centrales nucléaires ; non pas pour s’imposer sur l’échiquier mondial, mais pour disposer d’une source d’énergie bon marché. Des analyses financières ont été faites et ont montré que le nucléaire était quelque chose de rentable au jour d’aujourd’hui. Malheureusement, on a eu l’accident de Fukushima, il y a quelques mois et les premières réactions sont tombées, comme l’arrêt du nucléaire programmé en 2020 en Allemagne. La Suisse ne pense pas renouveler ses cinq centrales nucléaires. Et on ne sait toujours pas ce qui va se passer au Japon. Donc pour répondre à la question, je pense que l’on peut aujourd’hui se donner les moyens de développer un nucléaire qui pourrait nous affranchir de ce type d’accident. En utilisant le thorium qui est pour moi, l’autre source d’énergie beaucoup plus abondante que l’uranium. Ce qui nous permettrait d’éviter de produire du plutonium qu’on utilise beaucoup plus dans le domaine militaire. Le thorium qu’on pourrait considérer comme le nucléaire domestique ne permettrait pas de produire du plutonium ; mais aussi, il saurait nous préserver des déchets nucléaires nocifs qui pourraient être très dangereux. Et, en combinant ce type de système avec un accélérateur de particules susceptible de prévoir le fonctionnement de ce type de réacteurs. Ce qui permettrait d’obtenir un niveau de sûreté inégalé, et carrément de s’affranchir de possibles accidents comme on l’a vu à Tchernobyl et de risque de fusion des cœurs comme on l’a vu à Fukushima récemment.


« Le nucléaire n’est pas seulement réservé aux riches. Il peut être démocratisé et développé partout. »


Vous avez posé tout à l’heure un regard sur la problématique géopolitique qui est celle du nucléaire. Aujourd’hui, à la lumière des études, des savoirs et savoir faire, on a peur que l’accès aux sources d’énergie divise le monde en deux pôles : le solaire, l’éolienne pour les pauvres, et une autre, à faible coût le nucléaire, pour les riches. C’est véritablement l’enjeu par rapport à l’accès au nucléaire dans le monde ? Des experts comme vous, africains qui travaillez dans des centres de recherche international sur l’énergie, que dites-vous aux politiques africains pour changer les voies de la négociation en matière d’accès à l’énergie ? Le nucléaire possible ou non en Afrique ?


Je pense que comme vous l’avez souligné, le nucléaire est véritablement devenu une arme. C’est clair. C’est aussi l’expression d’un certain niveau de développement technologique. Un Etat qui possède une industrie nucléaire, est un Etat fort. C’est un signe de fierté d’être arrivé à un certain niveau de développement technologique. Ca c’est aussi valable avec des indicateurs comme l’accès à l’internet. C’est quelque chose auquel tout le monde a accès aujourd’hui. Donc tout le monde a désormais accès aux connaissances. Et dans ce contexte, on peut prévoir dans le futur, que tout le monde ait accès à ce type de source d’énergie. Comme quoi, cela ne devrait pas être laissé seulement aux pays riches. Le nucléaire n’est pas seulement réservé aux riches. Il peut être démocratisé et développé partout.


C’est sur point précis que vous autres avez un rôle à jouer. C’est le moment d’interpeller tous les spécialistes de l’énergie en Afrique. Ceux qui vivent en Europe, en Amérique et ailleurs. Avez-vous un réseau qui vous permet de travailler ensemble sur des solutions adaptées au continent ? Mais, également pour conseiller les politiques qui ont le pouvoir et leur dire voici une des voies pour un futur développement ? L’Afrique étant encore le continent le plus mal éclairé au monde. Il suffit de jeter un œil sur la carte une fois, la nuit tombée…


Notre mission, disons, est d’essayer d’apporter des éléments de réponses à certains problèmes d’ordre scientifique, technologique. Je crois que c’est une mission qui est très noble. Et, on a beaucoup d’échanges avec nos collègues et frères en Afrique. Des échanges scientifiques. C’est un discours qui doit être compris çà tous les niveaux. Je pense que promouvoir cette idée est quelque chose de très facile, mais, la faire adopter au niveau politique reste l’obstacle, je dirais même le handicap majeur. Pourquoi ? Parce que, mis à part l’aspect technologique, il y a aussi le contexte industriel et toute la stratégie autour. De grands groupes se partagent aujourd’hui, le monde de l’industrie nucléaire ; ils se comptent d’ailleurs sur les doigts d’une main et là, il est clair qu’il y a beaucoup d’enjeux notamment autour de l’uranium, et la maîtrise des mines dans le monde. C’est un enjeu économique très important. Je pense notamment à la France et son rôle en Afrique pour ce qui est de l’extraction de l’uranium. La mise en place des technologies nucléaires est aussi réservée à certaines industries dans les pays riches. Donc, démocratiser tout cela, bein, va demander que tout le monde joue le jeu. Que ça soit les pays industrialisés, mais aussi les gouvernements africains.


C'est-à-dire qu’il y a besoin de mettre sur pied un cadre approprié dont il faudrait définir le rôle et les contours pour le futur proche…


Moi je verrai bien entre 2020 et 2030,  la mise en place d’un prototype que l’on va appeler (je ne voudrais pas l’appeler le réacteur du pauvre), Mais, un réacteur démocratique que l’on pourrait vendre à tout le monde. Il pourrait se faire à travers la mise en place d’un consortium avec une collaboration multinationale telle qu’elle a été conçue pour la construction du prototype de réacteur à fusion nucléaire EPR* qui regroupe un certain nombre de pays développés comme les Etats-Unis, l’Europe, la Corée, le Japon, le Brésil. Donc, pourquoi pas mettre en place, sous l’égide de l’Aiea*, un consortium multilatéral qui permettrait de mettre en place un premier prototype qui pourrait ensuite, s’il est validé, être déployé, à travers tout le continent. Ce serait un réacteur pour l’Afrique.


Alors Yacine Kadi, Oui, pour le nucléaire propre en Afrique. Mais, on ne peut éluder une autre question énergétique liée aux sources nouvelles et renouvelables : il s’agit de la future centrale solaire qui est entrain d’être construite dans le désert du Sahara en Afrique. Qu’est ce que cela vous inspire ? Quand on sait que le projet cherche plus à alimenter en énergie, les pays riches du nord et non, ceux plus pauvres du continent ?


Oooh. J’ai deux visions la dessus : contradictoires d’ailleurs. La première, c’est que le solaire, je pense que c’est une bonne chose. Et, on est béni par Dieu pour la disponibilité de cette source d’énergie. On bénéficie d’un ensoleillement très important sur le continent. Et,  si la mise en place de cette centrale nous permet d’économiser nos ressources, en pétrole, en gaz, de les laisser là où elles sont, c'est-à-dire, sous terre, et de profiter du solaire qui nous tombe dessus, je pense que ce serait quelque chose de très bien. On aura participé à la mise en place d’un système énergétique qui nous permettrait de réduire l’empreinte de carbone sur la planète. Je suis convaincu que c’est beaucoup plus rentable de vendre de l’électricité que de vendre du pétrole ou du gaz.


L’électricité a une certaine plus value et je pense que c’est un produit qui est beaucoup plus rentable. Aujourd’hui, on pense installer des panneaux solaires dans le Sahara et envoyer l’énergie à bord des électro ducs jusque dans l’Europe du sud, et ensuite le connecter au réseau européen, Je crois qu’on pourrait tout aussi faire la même chose dans le sens inverse, et le réorienter de l’autre côté, en envoyant des électro ducs ou en installant des poteaux électriques vers les pays africains. Et, le Sahara est tout aussi grand pour pouvoir répondre à la demande énergétique que l’on connaît aujourd’hui en Afrique.

C’est une très belle chose et le fait que l’initiative soit européenne,  je crois que c’est un atout pour le savoir faire. Cela permettra de transférer la technologie. On est demandeur ; y a pas de souci. On va apprendre et après, déployer nous-mêmes. Je crois que c’est tout bénef. C’est ma vision. L’autre chose est qu’on aurait pu faire ça avec le nucléaire. Et, je pense qu’il faudrait utiliser ce type de montage pour développer le nucléaire africain à travers une installation pilote qui répondrait à la demande, aux caractéristiques et aux contraintes qui sont les nôtres en terme de complexité du système ; donc avoir un réacteur simple à utiliser.


Un réacteur sûr qui ne soit pas demandeur de technologies trop poussées et qui permettrait un déploiement à grande échelle et dans une durée de vie assez réaliste. Maintenant, si les décideurs politiques manifestent la volonté, c’est un réacteur qui peut se faire assez rapidement.


Cet entretien a été réalisé dans les locaux du Perimeter Institute (University of Waterloo, Ontario, Canada)


NOTES

•    Centre européen de recherche nucléaire, ce centre s’occupe principalement de la physique des particules. Le Cern est aussi un centre basé  sur un complexe d’accélérateurs de particules utilisées comme microscope pour sonder la matière et ses composantes.
•    Le réacteur EPR (European Pressurised Reactor) est un réacteur à eau sous pression (REP) de la classe des 1 600 MWe. Ce réacteur de nouvelle génération, destiné à prendre la relève des centrales actuellement en exploitation, est construit par Areva. Le premier EPR français devrait être implanté en 2012 à Flamanville, dans le Cotentin. L'EPR devrait permettre de produire une énergie 10 % moins cher au kWh que le nucléaire actuel, et 20 % moins cher que le gaz. Un gain obtenu notamment par la puissance accrue du réacteur (1.600 Mwe contre 1450 Mwe aujourd'hui), la diminution de 15 % de l'uranium nécessaire pour produire l'électricité, la durée de vie égale non plus à 40 mais à 60 ans, le délai de construction ramené à moins de 5 ans.
•    L’Agence Internationale à l’Energie Atomique ;



ENCADRE
Le parcours d’un battant


Le parcours de Yacine Kadi est plus ou moins classique. D’origine algérienne, il a fait ses premiers pas dans un lycée français en Algérie. Fils de diplomate, l’enfant a suivi son pater un peu partout dans le monde. Une chance à une certaine époque… Le jeune garçon en profite pour devenir une sorte de polyglotte qui a appris plusieurs langues. Son ouverture d’esprit, comme il le dit lui-même à travers le cheminement constant qui a été le sien avec la rencontre d’autres cultures dans le monde, ont fini par faire de lui un homme du monde. Mais avant tout, un Africain qui a su se construire une carapace d’homme de sciences.


Amoureux de la physique nucléaire par-dessus tout, le jeune Yacine Kadi est déjà un curieux à ses débuts. Dans l’Algérie de l’époque qui comptait beaucoup de médecins et d’ingénieurs, et qui était à la recherche de scientifique de renom dans le domaine de la physique nucléaire, il s’est lancé dans la physique et l’ingénierie sans savoir qu’il allait être pris ailleurs et loin de son pays d’origine.  Le voilà donc en Angleterre après son baccalauréat préférant à la voie royale française avec ses écoles d’ingénieurs, un institut de physique appliquée à la méthode anglo-saxonne. Et tout est parti de là.


Rentré en Algérie après son diplôme d’ingénieurs, histoire d’intégrer le Centre national de recherche nucléaire qui débutait ses programmes, il a reçu le conseil de quelques sages qui ont lui auraient suggéré de poursuivre ses études jusqu’au doctorat ou un diplôme équivalent à l’étranger. C’est ainsi qu’il débarque à Zurich pour un institut qui travaille sur les questions de physique, et le voilà qui atterrit finalement au Cern à Genève. Aujourd’hui, son principal défi est de travailler sur un domaine aussi innovant et osé, à savoir la promotion d’une énergie nucléaire propre et pour tous. L’homme parle de Green nuclear energy. Une sorte de centrale nucléaire propre parce que verte. Yacine Kady milite aussi pour l’usage d’accélérateurs capables de combattre les tumeurs cancérigènes. Le dernier domaine qu’il n’a pas fini d’explorer est dans l’usage des accélérateurs dans les sphères énergétiques. Et, là, ses recherches ont fini par le  mener vers la conception de réacteurs nucléaires de type nouveau moins dangereux.


  

Que retenir du livre de Bruckner : "le Fanatisme de l'Apocalypse. Sauver la Terre, punir l'homme"



A chacun de se faire son opinion.
Pour ma part, malgré quelques excès, il me semble que Pascal Bruckner alerte avec raison à propos des méthodes très discutables utilisées par certains "auto-proclamés écologistes".


Extrait :

P. Bruckner La peur a toujours été l'instrument des dictatures, qui veulent paniquer les peuples pour les infantiliser. On renverse complètement les présupposés de l'éducation classique, où l'on enseignait d'abord aux enfants comment affronter les dangers. Maintenant on brandit effroi comme école de lucidité. Or le catastrophisme n'a pour seul effet que de nous désarmer


L'article complet du Nouvel Obs. :

Nicolas Hulot : Journaliste, animateur-producteur d'"Ushuaïa", inspirateur du pacte écologique de 2007, il a été un des récents candidats à la primaire écologiste. Il a publié de nombreux ouvrages dont "la Terre en partage" (La Martinière, 2005), "Pour un pacte écologique" (Calmann-Lévy, 2006) et a réalisé en 2009 le film "le Syndrome du Titanic". 
Pascal Bruckner : Ecrivain, essayiste, il est l'auteur de nombreux essais dont "la Tentation de l'innocence" (prix Médicis 1995), "la Tyrannie de la pénitence" et "le Paradoxe amoureux" aux Editions Grasset. Il vient de publier chez le même éditeur "le Fanatisme de l'Apocalypse. Sauver la Terre, punir l'homme".


> Pascal Bruckner, vous n'y allez pas de main morte en écrivant : "L'écologie du désastre est d'abord un désastre pour l'écologie"...
- Pascal Bruckner Je distingue deux écologies, une de la raison et une autre de la divagation, une qui célèbre la nature et une autre qui accuse l'homme. Depuis une dizaine d'années, l'écologie, devenue l'idéologie dominante, instruit le procès de l'humanité et alimente l'angoisse des gens. Paradoxalement elle détourne les citoyens du souci environnemental : l'imminence de la catastrophe est telle que, quoi que nous fassions, c'est fichu.
- Nicolas Hulot Je m'inscris en faux contre l'idée que le sort de l'humain soit second. Notre référence cardinale, c'est l'homme. Celui d'aujourd'hui et de demain. Je ne vois rien de contradictoire avec la préoccupation environnementale : la science et l'observation nous enseignent qu'il y a une étroite communauté de destins entre l'homme et son milieu vivant. L'unique point d'accord que j'ai avec vous, c'est que le désespoir n'est pas mobilisateur. Ce qui rend d'ailleurs délicat l'exercice des lanceurs d'alerte parmi lesquels je me range. Si on donne le sentiment que les crises écologiques c'est toujours pour plus tard, ou que le génie humain trouvera sans coup faillir les remèdes, on devient complice de l'inertie ambiante. « L'habitude, disait Edgar Morin, c'est de sacrifier l'urgence à l'essentiel, alors que l'essentiel c'est précisément l'urgence ! » La seule fatalité que je craigne, c'est de céder au fatalisme. Et je suis triste que les intellectuels soient aussi silencieux sur ces enjeux majeurs et ne nous aident pas à redéfinir le sens du progrès.

> Prenons le livre de Keynes, "les Conséquences économiques de la paix", écrit en 1919. Il y décrivait les scénarios du pire. Tout s 'est révélé exact. Faudrait-il proscrire la pédagogie de la peur quand elle est au service de la vérité ?
- P. Bruckner La peur a toujours été l'instrument des dictatures, qui veulent paniquer les peuples pour les infantiliser. On renverse complètement les présupposés de l'éducation classique, où l'on enseignait d'abord aux enfants comment affronter les dangers. Maintenant on brandit effroi comme école de lucidité. Or le catastrophisme n'a pour seul effet que de nous désarmer. Il y a dans de nombreux discours écologistes une tentation dictatoriale, déjà présente chez Hans Jonas, qui voulait confer la planète à une élite éclairée. Si demain, par malheur, on crée des commissaires politiques du carbone, je ne donne pas cher de nos libertés. Et puis, face à la menace d'une fin des temps, on oppose des gestes dérisoires : abandonner la voiture, manger végétarien, ne plus prendre de bains mais des douches. Remèdes ridicules !
N. Hulot Vous confondez tout ! Les incitations aux économies d'eau ou d'électricité n'ont pour objet que de sensibiliser aux enjeux écologiques. Pas de les résoudre. Il faut maintenant trouver un autre modèle de développement en sachant qu'une croissance illimitée dans un monde limité n'est pas viable. Que 90 % des matières premières et des ressources naturelles puissent disparaître à la fin du XXIe siècle, ce n'est pas une vue de l'esprit. Nous ne sommes là ni dans la morale, ni dans l'idéologie, ni dans la religion. Je ne m'aventure pas à faire des pronostics sur la fin du monde, mais je suis convaincu que l'univers de demain sera bien différent de celui d'aujourd'hui. Contrairement aux apparences, la norme, ce n'est pas l'abondance mais la rareté. Or la rareté s'anticipe et se gère. Il ne faut pas s'inquiéter d'avoir à édicter collectivement et démocratiquement des limites.

> Pascal Bruckner, vous avez remarqué que Nicolas Hulot fait appel aux intellectuels. Que lui répondez-vous ?
- P. Bruckner Les intellectuels sont utiles pour éviter au mouvement écologiste les dérives dans lesquelles il s'enferre. Tout comme le mouvement ouvrier du XIXe siècle était divisé entre le socialisme démocratique ou libertaire d'un côté et le prébolchevisme totalitaire de l'autre, l'écologie devra choisir. Ce courant autoritaire est d'ailleurs celui qui a battu Nicolas Hulot lors de la primaire. Je ne suis pas surpris qu'on lui ait préféré une juge d'instruction, certes talentueuse, mais qui mettrait volontiers des menottes au genre humain pour lui imposer des limites. Vous avez vous-même mis en garde contre une écologie punitive. Le slogan ridicule « Sauver la planète » ne sert qu'à culpabiliser les enfants ! Si les opinions ont été sensibles au climato-scepticisme, c'est que la thèse du réchauffement climatique a été assénée de façon dogmatique.
- N. Hulot Soyons sérieux ! La question du réchauffement ne se tranche pas à l'applaudimètre ! Ce n'est pas une affaire de sensibilité ou d'opinion. Il faut rappeler qu'à la suite de la Conférence de Rio en 1992 la communauté internationale a confié aux meilleurs experts mondiaux la mission de synthétiser les travaux scientifiques. Il s'avère que la part des activités humaines dans les changements climatiques est réelle. Et que certaines projections à long terme sont catastrophiques si on ne fait rien. N'est-ce pas un devoir d'alerter sur les risques du pire ? Je crois que chacun doit prendre sa part de responsabilité sur le futur. Je retourne bientôt au Tchad avec la représentante des peuples sahariens et nomades dans les négociations sur le changement climatique. A Copenhague, elle m'avait dit cette phrase : « Pour vous, le réchauffement, c'est parfois agréable parce que vous êtes entee-shirt l'hiver. Mais nous, nous sommes déjà dans le tunnel de la mort ! »
- P. Bruckner Que je sache, il a toujours fait assez chaud dans les pays sahéliens ! Plutôt que d'élaborer des scénarios effrayants, pourquoi ne pas s'adapter ? La meilleure réponse aux dérèglements du climat, c'est le développement des pays pauvres, qui doivent se donner les moyens de résister aux aléas naturels. C'est d'ailleurs ce que font les pays émergents, qui tentent de corriger les dégâts de la croissance. Eux connaissent la catastrophe, c'est-à-dire la faim, la pauvreté, la maladie. C'est pourquoi nos discours alarmistes sont inaudibles en Chine, en Inde ou au Brésil, même si ces pays sont conscients des problèmes environnementaux. Leur pari, c'est de promouvoir une vie décente pour des milliards d'hommes sans épuiser les ressources. Les Chinois sont numéro un pour la fabrication des panneaux solaires. Je me demande si le discours catastrophiste n'est pas que le cri dépité des anciennes nations dominantes, Europe et Amérique, réalisant qu'elles ont perdu la main et que les colonisés d'hier leur ont volé le feu. Nous voudrions mettre un terme à l'histoire industrielle, mais les autres peuples nous laissent à nos anathèmes et poursuivent autrement l'aventure du progrès.
N. Hulot Quand vous dites qu'il a toujours fait chaud au Sahel, ça me choque. Il faut tout de même réaliser ce qu'un minuscule degré de plus signifie dans la bande sahélienne. Au Darfour, c'est précisément ce degré-là qui a déclenché un basculement climatique et contraint les éleveurs de chameaux nomades à se déplacer et à entrer en compétition avec les pasteurs. Vous me reprochez de ne pas avancer de solutions toutes faites et vous avez raison : je n'ai pas réponse à tout. Mais ma vision est très nette. Il convient d'abord de fixer des limites qui ne soient pas des privations. Car le progrès, c'est ma conviction, vaut autant par des acquiescements que par des renoncements. Et à cet égard vous faites une lourde erreur quand vous évoquez la Chine. Pékin a cent fois mieux que nous anticipé l'épuisement des ressources. Là où l'Europe a un diplomate en Afrique, les Chinois en ont dix pour accaparer les terres rares ! Ils ont pris conscience qu'ils ne pourront pas se développer à l'identique de l'Occident.
- P. Bruckner Je vous accorde que vous incarnez une écologie humaniste. Et c'est pourquoi vous avez été battu à la primaire. Il y a d'autres courants, notamment chez les militants pour qui les droits du vivant ont la préséance sur les droits de l'homme. On nous explique, c'est la position d'un Michel Serres, qu'il faut accorder un droit à la nature ou encore « penser comme une montagne » (Aldo Leopold) contre les humains prédateurs. Ce faisant, on oublie que défendre une forêt contre la cupidité d un entrepreneur minier, c'est toujours opposer certains hommes à d'autres hommes. Les falaises, les bovins, les oiseaux ont droit à notre protection, mais ils ne peuvent plaider leur cause eux-mêmes. Au lieu d'invoquer une guerre entre l'homme et les espèces animales, il conviendrait de plaider pour une solidarité du vivant. Pour un anthropocentrisme élargi.

> Les écologistes, écrivez-vous, seraient des « ventriloques » qui parlent au nom des générations futures. Préserver les intérêts de l'humanité à venir ne date pourtant pas d'aujourd'hui. C'était déjà une préoccupation de Condorcet...
- P. Bruckner Le chantage à l'avenir a toujours été un moyen de tyranniser les hommes : le christianisme expliquait déjà que les péchés commis sur terre se paieraient au centuple en enfer. Le marxisme exigeait le sacrifice des masses populaires pour le bonheur des générations qui vivraient un jour dans le paradis socialiste. Nous sommes responsables de nos enfants et de nos petits-enfants, mais au-delà, cette charge devient abstraite : l'étendre à notre descendance sur cent ou deux cents ans est absurde ! On prend le risque de tyranniser les générations présentes sous prétexte de sauver une humanité future dont on ne sait rien. Tout subordonner à la survie permet en outre de détourner le regard des injustices du temps présent. Ce que je vois dans le courant écologique, c'est un phénomène très classique en Occident : le retour, au nom de la défense de la Terre mère, de la peste ascétique. Est-ce se conduire en enfant gâté que de vouloir, quand on appuie sur l'interrupteur, que la lumière soit et non qu'on réduise de 50% notre consommation d'électricité comme le suggérait Yves Cochet ? Va-t-on éteindre les villes la nuit, revenir à l'époque de la bougie, comme semblent le souhaiter les décroissants ?
- N. Hulot Ce qu'il faudrait surtout éviter, c'est de n'avoir pas d'autre alternative que celle de la bougie ! Encore une fois, nous puisons l'essentiel de notre énergie et de nos ressources dans des stocks finis qui arriveront forcément à épuisement. Si on veut éviter le rationnement et la régression, il faut que nous nous fixions collectivement des bornes. Exactement comme on l'a décidé pour les ressources halieutiques. On a imposé en Europe des quotas de pêche et les scientifiques contrôlent régulièrement les résultats. Parfois, oui, ils disent : là, il faut arrêter, sinon les thons rouges ne pourront plus se reproduire et ils disparaîtront. Quand on intervient trop tard, comme ce fut le cas avec la morue, les stocks ne sont toujours pas reconstitués cinquante ans après. Nous sortons à peine de cette illusion de l'abondance. Je ne plaide pas pour une société ascétique, mais je crois qu'il y a certainement un point d'équilibre qu'il faudra bien trouver entre l'ascétisme obligatoire et le gâchis inconscient. 20% de l'humanité qui consomme 80% des ressources de la planète, comment appelez-vous ça ? L'idée n'est pas de pénaliser l'homme d'aujourd'hui au nom de l'homme hypothétique du troisième millénaire. C'est plutôt de concilier l'ensemble des contraintes et, dans beaucoup de domaines, on sait déjà faire. Prenons l'exemple de l'injustice sociale dont vous supposez à tort que l'écologie ne se préoccupe pas. C'est tout le contraire ! Si nous ne partageons pas les richesses, et vite, un risque majeur d'explosion est à craindre parce que, dans un monde interconnecté, tout se voit et tout se sait. Vous mettez donc dans le baril de poudre des inégalités un puissant détonateur : l'humiliation. Pour moi, l'écologie ce n'est pas une préoccupation de plus à un moment critique de l'histoire, c'est l'histoire tout court.
- P. Bruckner Je reste confiant dans le génie humain, dans sa capacité à surmonter les problèmes qui se posent à lui. Tout en étant conscient de l'extrême difficulté de notre situation. J'observe une attitude ambiguë dans le mouvement écologique vis-à-vis de la science. D'un côté, il dresse une critique du progrès et de ses dérives déjà présente chez Rousseau. De l'autre, il invoque en permanence les études des savants qui justifient son combat. "Les scientifiques nous disent...", ainsi commencent toutes les objurgations vertes. C'est sur des travaux savants que les écologistes s'appuient pour asséner que la Terre a épuisé les ressources disponibles. Mais la science est d'abord une école du doute qui ne cesse de réfuter ses erreurs passées. A bien y regarder, l'écologie est en fait piégée dans l'idéologie qu'elle dénonce : celle du progrès, du calcul et du scientisme. Que savons-nous des capacités de la Terre à encaisser les pollutions contemporaines ou même le réchauffement ? Vous remarquerez que les bonnes nouvelles ou les progrès déjà réalisés sont généralement passés sous silence puisqu'il s'agit en permanence de nous accabler, de nous décourager. On ne nous dit jamais, par exemple, qu'il y a plus de forêts en France en 2011 qu'au XIXe siècle, qu'on respire mieux à Paris aujourd'hui qu'en 1960 ou encore que les déchets de plastique qui flottent dans l'océan Antarctique sont déchiquetés en petites billes par des bactéries. Il y a une réversibilité des dommages, la nature peut produire des contre-pouvoirs aux pollutions qu'elle affronte. Et si les stocks naturels sont limités, les ressources intellectuelles, elles, sont illimitées. Je refuse à me complaire dans une vision sombre des temps à venir. Je crois que le remède se trouve dans le mal et au sein même du progrès et de la science qui ont généré, c'est exact, des ravages effroyables mais les ont aussi corrigés. Je ne comprends pas la diabolisation des OGM ou plutôt je comprends trop bien qu'en détruisant les parcelles les faucheurs volontaires font le jeu, sans le savoir peut-être, des puissantes multinationales américaines qui n'ont plus de concurrents français.
- N. Hulot Comme disait un des mes amis économiste américain, Amory Lovins, l'optimisme et le pessimisme sont les deux facettes d'une même médaille : la résignation. Dans les deux hypothèses, soit que tout s'arrange, soit que tout s'effondre, on reste passif. Or il y a des processus irréversibles et d'autres sur lesquels on peut agir. Pour la couche d'ozone, l'amélioration s'explique pour une bonne part par l'interdiction des aérosols. En revanche, quand mon camarade Yves Coppens lançait l'idée que pour limiter le réchauffement climatique on pourrait modifier l'axe d'inclinaison ou de la rotation de la Terre grâce à des charges atomiques, je crois qu'on s'égare. Comme le disait Jean Rostand : « La science a fait de nous des dieux avant défaire de nous des hommes. Et pour l'heure nous ne sommes encore que des hommes. » J'ai autant foi que vous dans le génie humain, mais les menaces ont changé d'échelle. Pour la première fois, les emballements risquent bien de nous échapper. Peut-être bien qu'après-demain on pourra capter une infime partie de ce que le Soleil fournit en énergie à la Terre et que cela suffirait à répondre à nos besoins. Mais on n'en est pas là. Et pour arriver sain et sauf à ce rendez-vous, il faudra un nouveau modèle économique pour que l'ère des vanités fasse place à celle de l'humilité.

> Vous n'avez pas évoqué Fukushima. Cette catastrophe ne vient-elle pas précisément donner raison aux catastrophistes écolos ?
- P. Bruckner Quand c'est arrivé, j'ai noté une étrange volupté du désastre chez certains prophètes de l'horreur annonçant « la fin du progrès », tel Ulrich Beck ! Pour eux, ce fut une divine surprise : enfin ils avaient leur second Tchernobyl. Il y a des amoureux de la catastrophe qui l'attendent comme d'autres l'arrivée du Messie. Six mois après, on compte peu de morts, même si des conséquences funestes sont à craindre et que les négligences de l'entreprise Tepco sont criminelles. Je veux bien qu'on arrête l'énergie nucléaire civile, mais par quoi la remplacer dès lors que les énergies renouvelables ne renouvellent pour l'instant pas grand-chose ?
- N. Hulot Je ne peux pas laisser dire qu'un seul écologiste digne de ce nom puisse se réjouir de la catastrophe de Fukushima ! Que les événements viennent avaliser ou infirmer mes inquiétudes ne me conduit pas à faire des hiérarchies dans l'affliction. Simplement, lorsqu'une société n'est pas capable de contenir dans le temps et l'espace les conséquences d'un risque technologique, il faut arrêter. A Fukushima, on a vu que le personnel scientifique et politique était dépassé. Pour moi, c'est la démonstration de trop. Si on répond aux besoins énergétiques de la planète par l'atome, on aura statistiquement un accident tous les cinq ans. Et qu'un territoire puisse être contaminé sur 50 kilomètres pendant plusieurs générations, ce n'est pas l'idée que je me fais du progrès.
Recueilli par Guillaume Malaurie et Maël Thierry - Le Nouvel Observateur

dimanche 23 octobre 2011

"On ne peut se passer du nucléaire"

Le climat se détraque et l'urgence est de se passer du pétrole, du gaz et du charbon et à investir sur les économies d'énergie. En attendant, pour une fois qu'une énergie abondante et bien moins chère existe, donnons nous 50 ans pour réformer nos usages et améliorer l'efficacité des ENR avant d'envisager une alternative à la construction de centrale nucléaire sures !


En ce sens, l'interiew du Monde :


Prix Nobel de la paix en 2005, Mohamed ElBaradei analyse pour Le Monde l'avenir de l'énergie nucléaire après l'accident de Fukushima.

Quels enseignements tirez-vous de l'accident de Fukushima ?
J'en tire deux : il va falloir améliorer la sûreté pour les 430 réacteurs en exploitation dans le monde, car on était plus laxiste il y a trente ans, et accélérer l'introduction des nouvelles technologies, qui sont bien plus sûres. Quitte à être parfois brutal et à ne pas hésiter à fermer les vieilles centrales, dont on ne peut pas améliorer la sûreté. Je suggère de commencer l'examen par celles de type RBMK (comme à Tchernobyl), qui n'ont pas d'enceinte de confinement, et les réacteurs de type Fukushima. Il faut aussi trouver un moyen d'inspecter les réacteurs militaires.

Le nucléaire a-t-il toujours un avenir ?

On ne peut pas se passer du nucléaire. Il fournit déjà 14 % de l'électricité mondiale. Et ce sera 24 % en 2050, selon l'Agence internationale de l'énergie. Un milliard et demi d'êtres humains n'ont pas accès à l'électricité. Et sans cela, il n'y a pas de développement.


Fukushima va-t-il néanmoins ralentir son développement et accroître ses coûts ?

Le nucléaire sera sans doute plus cher, en raison de l'usage des nouvelles technologies et du renforcement de la sûreté, mais je ne le vois pas ralentir beaucoup. Il y a actuellement soixante-cinq réacteurs en construction dans quinze pays. Je doute que la Chine et l'Inde renoncent à leurs projets.

Plusieurs Etats l'ont pourtant fait : Allemagne, Suisse, Italie...

Oui, mais prenez la Suède, qui avait programmé la sortie du nucléaire en 1980 : elle avait alors douze réacteurs ; elle en exploite onze aujourd'hui. Le nucléaire donne une certaine indépendance énergétique, comme en France. Si vous en sortez, vous dépendez du charbon, du pétrole et du gaz, dont les prix augmentent fortement. Et comment, alors, lutter contre le réchauffement climatique ?
Le nucléaire est une partie de la solution. Les énergies renouvelables ne peuvent assurer une production de base. Soyons réalistes : pour les cinquante prochaines années, on aura besoin du nucléaire. Des pays à forte population, comme l'Indonésie et le Vietnam, sont sur les rangs. La Turquie vient de confirmer des projets. Et d'autres s'ajouteront à la liste...

Quel type de régulation serait souhaitable, et en s'appuyant sur quels standards ?

Les standards de l'AIEA sont un point de référence. Et vous pouvez y ajouter des standards nationaux complémentaires. Les audits des centrales doivent être obligatoires. Ils ne le sont pas aujourd'hui, et c'est un défaut majeur dans le système de sûreté international. Si un pays veut utiliser l'énergie nucléaire, il doit les accepter. Car si un accident se produit, il a des conséquences mondiales.
Le temps des audits effectués par des experts internationaux indépendants est venu. Après Tchernobyl ou Fukushima, les pays ne peuvent plus se retrancher derrière l'argument selon lequel la sûreté relèverait de la souveraineté nationale. Dans notre cadre mondialisé, ce concept de souveraineté a évolué. Un exemple : les pandémies, contre lesquelles un pays ne peut pas lutter seul. Un pays ayant opté pour le nucléaire doit accepter que ses voisins et le reste du monde lui demandent si ses réacteurs sont sûrs.

Comment inciter les gouvernements à emprunter cette voie ?

La pression de l'opinion est importante, car les gouvernements sont des "animaux" qui bougent lentement. Il faut que certains pays lancent le mouvement, en acceptant des audits obligatoires effectués par des experts étrangers, dans un cadre défini internationalement. Plus ils seront nombreux, et plus la pression sur les pays qui n'ont pas souscrit au protocole sera forte. Par ailleurs, il faut aller vers une mutualisation internationale des expertises. A cet égard, la mise en place d'une "force d'action rapide multinationale", proposée par Nicolas Sarkozy, est une bonne idée.

La transparence vous semble-t-elle suffisante ?


Non ! Les acteurs du nucléaire, gouvernements et opérateurs, doivent être plus transparents, ce qui n'est pas dans leur culture. Cette source d'énergie doit faire l'objet d'un débat public. Les gens ont le droit d'avoir des explications, même si cela perturbe l'approche élitiste de l'industrie nucléaire.
La transparence est la clé pour faire accepter le nucléaire à l'opinion. Elle doit porter sur la sûreté, mais aussi sur les coûts réels, depuis la construction jusqu'au démantèlement, si vous voulez une véritable compétition dans le secteur de l'énergie. Cette absence de transparence a été notable au Japon.
Il faut aussi régler le problème du stockage des déchets ultimes. A mon sens, il faudrait disposer de deux ou trois pays pour les entreposer, pas davantage. La Russie pourrait être l'un de ceux-ci. Cette activité pourrait être très rentable.

Quel rôle les autorités nationales de sûreté doivent-elles jouer ?


Elles doivent d'abord être indépendantes, comme c'est le cas en France ou aux Etats-Unis, pour pouvoir dire clairement à quel moment un réacteur doit être arrêté. C'est d'autant plus important que la durée d'exploitation des réacteurs est actuellement prolongée. La trop grande proximité entre régulateurs et opérateurs a été l'une des sources du problème à Fukushima.

Ce qui suppose que ces régulateurs aient des moyens...

Il faut, c'est vrai, leur donner de vrais moyens, qu'ils soient nationaux ou internationaux. La technologie nucléaire est très sophistiquée, et donc complexe à surveiller. Malheureusement, les gouvernements ne réagissent le plus souvent qu'à la suite de chocs. Il a fallu Tchernobyl pour qu'on mette en place un système plus encadré de sûreté. Puis le 11-Septembre pour qu'on se préoccupe du risque terroriste. Le budget de l'AIEA (environ 320 millions d'euros) est ridicule par rapport à ces enjeux. Il faudrait au moins le doubler.
 
Propos recueillis par Jean-Michel Bezat et Bertrand d'Armagnac

vendredi 21 octobre 2011

"Suisse : Nucléaire: les exploitants se sentent confortés dans leur position"

Après l'émotion populaire, les suisses préservent leur avenir sans dogmatisme.

Berne (awp/ats) - Les exploitants des centrales se sentent confortés dans leur position, après la solution de compromis sur le nucléaire élaborée mardi par la commission de l'énergie du Conseil des Etats. Ils saluent le fait que la porte est laissée ouverte à d'éventuels réacteurs pourvus de nouvelles technologies.



Pour Alpiq, qui exploite la centrale de Gösgen (SO), les conséquences de la décision de la commission ne peuvent pas encore être évaluées, a indiqué mercredi à l'ats son porte-parole Andreas Meier. Mais pour garantir un approvisionnement sûr en énergie, il faut saluer le fait que le plus d'options possibles de production d'énergie sont laissées ouvertes, souligne-t-il.



Aux yeux du groupe, il est important que le peuple ait le dernier mot à la fin du processus politique. Idem pour Axpo.



L'exploitant des centrales de Beznau I et II (AG) a toujours dit qu'il voulait que le peuple ait le dernier mot sur un éventuel abandon de l'atome. La position de la commission appuie Axpo sur ce point, estime la porte-parole. Et le groupe de prendre connaissance avec satisfaction du fait que la commission a renoncé à interdire de nouvelles technologies, selon sa porte-parole Daniela Biedermann.



Le groupe énergétique bernois FMB, qui exploite la centrale de Mühleberg, prend acte de la décision de la commission, indique son porte-parole Antonio Sommavilla. "De manière générale, on est bien conseillé lorsqu'on garde toutes les options ouvertes en matière de technologie", affirme-t-il.



La commission de l'énergie du Conseil des Etats a corrigé mardi une motion adoptée en juin par le National pour soutenir la stratégie gouvernementale d'abandon progressif de l'énergie atomique.



Le texte prévoit désormais qu'aucune autorisation ne sera plus accordée pour la construction de centrales nucléaires "de la génération actuelle". Cet ajout laisse la porte ouverte à d'éventuels réacteurs pourvus de nouvelles technologies.



La commission se prononcera mercredi prochain sur les motions sur les énergies renouvelables adoptées en juin par le National, a indiqué à l'ats son vice-président Didier Berberat (PS/NE). Qui souligne que la notion d'énergies renouvelables a été reprise dans la motion corrigée mardi. Ce texte sera finalisé mercredi, mais sans aucune modification sur le fonds.

"AREVA : Paris appelle à durcir la réglementation nucléaire internationale"

Oui à une sécurité accrue !


Confrontés à une opposition accrue à l'énergie nucléaire depuis la catastrophe survenue au Japon cette année, les dirigeants français ont annoncé lundi leur intention de promouvoir un durcissement des politiques nucléaires internationales, malgré l'avis contraire d'autres pays.



Le Premier ministre François Fillon a réitéré lundi son appel en faveur d'un groupe de travail international d'urgence qui se pencherait sur les incidents nucléaires. Il a également plaidé pour la création d'un centre international de formation pour l'ensemble des opérateurs de centrales nucléaires dans le monde. Le ministre de l'Energie Eric Besson avait auparavant annoncé qu'il proposerait lors de la prochaine réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique que des tests de résistance des centrales nucléaires soient réalisés au niveau mondial.



S'exprimant lors de la visite de la centrale nucléaire du Bugey, près de Lyon, F.Fillon a déclaré que la communauté internationale devait mettre en place un système d'intervention rapide, qui regrouperait des experts disposant d'équipements spécialisés pour pouvoir venir en aide aux pays confrontés à un accident nucléaire.



Depuis l'accident de Fukushima, le gouvernement français défend avec ferveur l'énergie nucléaire, qui représente environ 80% de l'électricité en France et est un secteur d'exportation important pour le pays. E.Besson devrait dévoiler les propositions de la France lors du sommet de l'Agence internationale de l'énergie atomique le 19 septembre. L'Allemagne, l'Italie et d'autres pays ont ralenti ou interrompu leurs programmes nucléaires après l'accident survenu au Japon, bien que certaines nouvelles constructions se poursuivent en Asie, au Moyen-Orient et dans certaines régions d'Europe.



Les responsables français ont reconnu qu'ils allaient probablement rencontrer une certaine opposition aux nouvelles mesures, basées sur une réglementation internationale accrue. De nombreux pays ne souhaitent pas abandonner la sûreté nucléaire à des organismes internationaux et contestent les efforts susceptibles de réduire leur souveraineté. La France est le deuxième opérateur mondial de centrales nucléaires, après les Etats-Unis et avant le Japon.



André-Claude Lacoste, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire française, a déclaré que certains grands pays étaient réticents à l'idée d'une coopération renforcée dans le secteur nucléaire.



Une réglementation internationale plus stricte en matière de sécurité pourrait profiter à la technologie française, dont les entreprises du pays affirment qu'elle est la plus sûre au monde. Lors d'une récente réunion de représentants de pays ayant des centrales nucléaires en activité, la France a proposé un projet réglementaire mondial. Cependant, des tests à cette échelle seraient onéreux et on ignore encore qui superviserait le système ou aurait l'autorité de fermer une centrale jugée à risque.

"Le futur Premier Ministre refuse un Japon sans énergie nucléaire"

Quelle lucidité !

Même dans la difficulté, on garde son sang froid au Japon !

Le futur Premier Ministre refuse un Japon sans énergie nucléaire







29/08/2011






Le ministre japonais des Finances Yoshihiko Noda a été élu lundi à la tête du parti majoritaire du Japon (PDJ), ouvrant la voie à son arrivée à la tête du gouvernement.
Le nouveau Premier Ministre japonais, en l''occurence l''ancien ministre japonais des Finances Yoshihiko Noda, a présenté les défis du moment de son pays, confrontée à une large méfiance des marchés financiers, mais aussi à l''àprès crise de l''accident nucléaire de Fukushima, qui a valu sa place au Premier ministre sortant Naoto Kan, qui démissionna du poste de chef du PDJ vendredi dernier.




3e Premier ministre depuis que le PDJ est arrivé au pouvoir lors d''une élection historique il y a deux ans, et le 6e Premier ministre du Japon en cinq ans, M. Noda a fait savoir qu''il soutenait la réduction de la dépendance japonaise au nucléaire, mais a précisé qu''il n''était pas favorable à un Japon complètement dépourvu d''énergie nucléaire.



M. Noda aura à relancer une économie en stagnation, reconstruire les régions dévastées par le séisme et le tsunami, en finir avec la crise nucléaire à Fukushima, la plus grave survenue dans le monde depuis la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine, mettre un coup d''arrêt à la montée du yen qui menace les exportations, et coopérer avec les partis d''opposition au sein d''un parlement divisé.



M. Noda, qui prône la rigueur budgétaire et a remporté 215 des 392 voix valables, a promis aux membres du PDJ des deux chambres du parlement sa détermination de faire tout ce qu''il peut en tant que dirigeant du PDJ, disant qu''il se sentait un sentiment de cohésion renouvelée au sein du parti (au pouvoir), et qu''il est temps de surmonter les querelles au sein du parti.



M. Noda, qui s''est engagé à réduire la dette publique grâce à des réformes fiscales, souhaite que le PDJ forme une large coalition avec les partis d''opposition.

mercredi 11 mai 2011

"Gaz contre nucléaire, la nouvelle bataille de l’énergie"

La menace d'un retour aux ressources fossiles carbonées : le prix à payer des énergies renouvelables intermittentes ? Pensons au climat...

L'Expansion :

Le gaz peut-il prendre la place du nucléaire? Oui, aux conditions actuelles de marché. Mais elles ne vont pas forcément durer.


En dehors du débat « citoyen » sur le nucléaire, comment vont réagir les acteurs des marchés mondiaux de la production d'électricité?

 Il est bien sûr encore trop tôt pour évaluer les conséquences réelles de l'accident de Fukushima, mais nul doute qu'ils vont analyser une série de données économiques et politiques très concrètes, comme l'avenir promis au gaz naturel, les améliorations de la sécurité, l'attitude des Etats.

Les constructeurs de centrales n'ont pas attendu le retour d'expérience de la catastrophe japonaise pour vanter la sûreté de leurs modèles. Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva, n'a pas hésité à déclarer que «s'il y avait eu des EPR à Fukushima, il n'y aurait pas eu de fuites dans l'environnement», faisant ainsi allusion à la cuve récupératrice de corium de l'EPR, unique en son genre. Autrefois considéré comme une mesure marginale, cet atout technologique pourrait s'avérer différenciant à l'avenir.

De son côté, le PDG du groupe américain Westinghouse a rappelé que les systèmes simplifiés de refroidissement de l'AP 1000 pouvait fonctionner sans électricité grâce à un jeu de pression et de gravité ; un argument qui pèsera lui aussi dans la balance quand on sait que ce sont les circuits de refroidissement de la centrale de Fukushima qui sont à l'origine de la catastrophe.

Pourtant, toute cette promotion autour de la sécurité suffira-t-elle à convaincre les producteurs d 'électricité ?
Le renouvelable a un rôle à jouer dans la lutte des gaz à effet de serre mais ne pourra se faire sans la construction de moyens de productions complémentaires. Face à ce constat, les pays seront tentés de miser sur le gaz (d'autant que la sécurité d'approvisionnement est moins tendue avec le développement des gaz de schiste) pour remplacer les centrales à charbon, aujourd'hui largement majoritaires dans le mix électrique mondial.

Pour autant, la bulle gazière est contextuelle et nul ne peut prévoir quels seront les coûts de l'approvisionnement lorsque les marchés remonteront ; à titre d'exemple, le Japon devra remplacer sur le moyen terme une partie de ces capacités de production nucléaire par du gaz, faisant à lui seul monter la hausse de la demande mondiale de 5% ! Cet aspect de variabilité du coût du combustible ne se pose pas dans le nucléaire où le combustible ne joue que pour une part négligeable du prix final pour le consommateur.

Confrontés à ces enjeux, il est désormais indispensable que les acteurs de la filière mais aussi les gouvernements nationaux évaluent et communiquent sur les inconvénients de l'abandon du nucléaire : risque d'approvisionnement, hausse des prix du kWh et augmentation des émissions de CO2 seront les conséquences inéluctables d'une sortie du nucléaire. Les populations seront-elles prêtes à en payer le prix? 

Dans le même temps, ces mêmes acteurs devront communiquer sur les coûts du démantèlement, la gestion des déchets et la radioactivité, dont les effets sont parfois mal connus et constituent parfois des points bloquants au développement de l'industrie de l'atome.

Nouveau "Rapport spécial du GIEC sur les sources d'énergie renouvelable"

Mediaterre :

Résumé du Rapport spécial du GIEC sur les sources d'énergie renouvelable et l'atténuation des effets des changements climatiques

par Mathilde Foubert | Thématique: Changement climatique | Rubrique: Publications
Portail International, 10/05/11 à 10h30 GMT
  
 
Abu Dhabi, 9 mai 2011 - Près de 80 % de l'approvisionnement énergétique mondial pourrait être couvert par les énergies renouvelables à l'horizon 2050 à condition que des politiques publiques adaptées soient mises en place, précise un nouveau rapport.

Les constatations de plus de 120 chercheurs collaborant avec le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) montrent en outre qu'un taux de pénétration accru des énergies renouvelables sur le marché pourrait aboutir à une réduction totale des émissions de gaz à effet de serre équivalente à 220 à 560 gigatonnes de dioxyde de carbone (GtC02eq) entre 2010 et 2050.
La fourchette haute des scénarios évalués, correspondant à une réduction d'environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre et calculée sur la base de projections établies selon une hypothèse de maintien du statu quo, permettrait de maintenir les concentrations de gaz à effet de serre à hauteur de 450 parties par million.
Nous pourrions ainsi nous rapprocher de l'objectif visant à maintenir le réchauffement climatique en-dessous de la barre des 2° C au cours du XXIe siècle, objectif reconnu dans les Accords de Cancun signés par les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Les conclusions approuvées par les représentants des pays Membres du GIEC à Abu Dhabi, Émirats Arabes Unis, et officiellement présentées aujourd'hui lundi 9 mai 2011, figurent dans le résumé du Rapport spécial sur les sources d'énergie renouvelable et l'atténuation des effets des changements climatiques à l'intention des décideurs.
Il s'agit de la version courte d'une évaluation approfondie de quelque 900 pages réalisée par plus de 120 experts de premier plan venant du monde entier pour le Groupe de travail III du GIEC.

Principales conclusions du Résumé à l'intention des décideurs :
- Sur les quelque 300 gigawatts (GW) produits par les nouvelles capacités de production électrique qui sont venues s'ajouter aux infrastructures existantes à l'échelle mondiale entre 2008 et 2009, 140 GW sont issus des énergies renouvelables.
- En dépit des difficultés financières mondiales, la part des énergies renouvelables a augmenté en 2009 :
énergie éolienne - plus de 30 % ; énergie hydroélectrique - 3 % ; énergie photovoltaïque raccordée au réseau - plus de 50 % ; énergie géothermique - 4 % ; chauffage solaire de l'eau - plus de 20 %. Par ailleurs, la production d'éthanol et de biodiesel a augmenté de 10 et 9 % respectivement.
- Plus de 50 % des capacités mondiales existantes de production d'électricité issue des énergies renouvelables sont implantées dans les pays en développement.       
- La plupart des scénarios analysés estiment qu'à l'horizon 2050 la contribution des énergies renouvelables à une offre énergétique sobre en carbone sera supérieure à celle de l'énergie nucléaire ou des combustibles fossiles qui font appel au piégeage et au stockage du carbone.
- Le potentiel technique des technologies des énergies renouvelables est très largement supérieur à la demande énergétique mondiale actuelle, tant à l'échelle de la planète que dans la plupart des régions du monde.
- D'après les scénarios ayant fait l'objet d'une analyse détaillée, moins de 2,5 % du potentiel technique des énergies renouvelables sont actuellement utilisés dans le monde. En d'autres termes, plus de 97% demeurent inexploités, ce qui signifie clairement que la question de la disponibilité des ressources en énergies renouvelable ne se pose même pas.
- L'accélération du déploiement des énergies renouvelables entraînera de nouvelles difficultés technologiques et institutionnelles, en particulier en termes d'intégration dans les systèmes énergétiques existants et les secteurs d'utilisation finale.
- Selon les quatre scénarios précités, les investissements décennaux dans le secteur de l'électricité issue des énergies renouvelables à l'échelle mondiale oscillent entre 1 360 et 5 100 milliards de dollars É-U d'ici à 2020 et 1 490 et 7 180 milliards de dollars É-U pour la décennie 2021-2030. Pour les valeurs les plus faibles, les investissements annuels moyens sont inférieurs aux investissements dans les énergies renouvelables enregistrés pour 2009.
- Des politiques publiques bien ciblées associées à des investissements de recherche et développement permettraient de réduire le prix des combustibles et les coûts de financement, et donc abaisseraient les coûts additionnels liés aux technologies des énergies renouvelables.
- Les décideurs publics pourraient s'appuyer sur les nombreuses expériences analysées pour élaborer et mettre en oeuvre les politiques les plus favorables possibles ; mais il n'existe pas de politique visant à   promouvoir les énergies renouvelables adaptée à toutes les situations.

La version complète du rapport spécial sera publiée le 31 mai 2011.

Source : Organisation météorologique mondiale

Les liens connexes

[fr] L'information sur le site de l'Organisation météorologique mondiale (5 hits)
[fr] Le communiqué de presse du GIEC en entier (12 hits)

"Changement climatique : et si c’était pire que prévu ?"

Libé :


A-t-on assez de recul pour juger les variations climatiques actuelles ? apparemment oui... 


"Plusieurs études assurent que pluies diluviennes et sécheresses vont encore s’accroître.

Par SYLVESTRE HUET

Lignes électriques détruites par le passage du cyclone Yasi, le 3 février à Cowley, en
Lignes électriques détruites par le passage du cyclone Yasi, le 3 février à Cowley, en Australie. (© AFP Torsten Blackwood) 


Pluies diluviennes, sécheresses extrêmes, écosystèmes menacés… Ces risques du changement climatique évoqués par les scientifiques sont-ils surestimés par les expertises et les simulations informatiques ? Plusieurs études récentes montrent qu’ils sont plutôt sous-estimés. Le rapport 2007 du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) notait : «La capacité de l’atmosphère à retenir l’eau augmente de 7% pour chaque degré Celsius supplémentaire.» Mais cette disponibilité accrue de vapeur d’eau allait-elle se traduire par des pluies diluviennes plus fréquentes et plus intenses ?

Oui, affirme un article paru dans Nature (1). Une démonstration fondée sur l’analyse d’une base de données du Hadley Centre, sur plus de 6 000 stations météo réparties sur l’hémisphère Nord (Etats-Unis, Amérique centrale, Europe, Inde, Chine) entre 1951 et 1999. Les pluies diluviennes de ces stations ont été comparées à des modélisations numériques, en quête d’une «empreinte digitale» de l’effet de serre intensifié sur leur fréquence.

Retors. L’affaire est délicate : il s’agit d’événements rares, et les cycles océaniques tropicaux jouent un rôle important qu’il faut distinguer de celui de la tendance climatique. Mais le résultat semble solide et suggère que les simulations du climat futur sous-estiment cette réaction de la planète à nos injections massives de gaz à effet de serre (plus de 30 milliards de tonnes de CO2 par an pour charbon, gaz, pétrole et fabrication du ciment).

Dans le même Nature, un autre article (2) démontre que les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Angleterre et le pays de Galles à l’automne 2000 auraient eu nettement moins de chances de se produire en l’absence du changement climatique.
Paradoxe de ce changement en cours: la prévision d’inondations accompagne celle de sécheresses plus fréquentes. Les climatologues auraient-ils du mal à choisir entre deux maux souvent perçus comme alternatifs ou contradictoires ? Non, le climat est vraiment retors, et sa réaction à nos émissions de gaz à effet de serre concocte simultanément les deux. En été 2002, l’Europe centrale a subi des inondations de grande ampleur, mais 2003 a été celle des records de vagues de chaleur et de sécheresse.

Un article paru dans Science (3) explique que la sécheresse survenue en Amazonie en 2010 est encore plus forte que celle de 2005 pourtant qualifiée de «sécheresse du siècle». Surtout, les signataires estiment que cette sécheresse a provoqué le relargage dans l’atmosphère de grandes quantités de CO2, les deux années de sécheresse, annulant ainsi dix ans de stockage de carbone… et intensifiant d’autant l’effet de serre. Encore une fois, il s’agit d’un phénomène sous-estimé par les simulations numériques du climat futur sur cent ans.

«Stress». Quelles seront les conséquences de ces bouleversements climatiques sur les écosystèmes ? Là aussi, la sous-estimation semble de mise. Un article récent (4) a montré que, même avec un changement climatique modéré, une écrasante majorité des 238 écorégions qualifiées d’exceptionnelles seront sous «stress» climatique. Elles auront à faire face de manière «régulière et fréquente» à des conditions climatiques, températures en particulier, aujourd’hui (la période 1961-1990) considérées comme extrêmes et rarissimes. De manière contre-intuitive, ce risque concerne les régions tropicales où la variation en valeur absolue des températures sera faible, mais très forte au regard des variations actuelles et donc des capacités d’adaptation des espèces animales et végétales.

Et si le changement climatique ne s’arrêtait pas aux 2°C de plus qu’avant l’ère industrielle, objectif fixé à la dernière conférence des Nations unies, en décembre à Cancún ? Un ensemble d’études publiées par la Royal Society (5) s’interroge sur un monde à «plus 4°C». Une valeur, réaliste, encore inférieure à celles que prévoient certains modèles numériques. Et qui pourrait être atteinte dès les années 2070 si les émissions poursuivent la trajectoire actuelle.
Dans ce monde, expliquent les auteurs, la géographie physique se modifierait à grande vitesse, et les problèmes - eau, production alimentaire, hausse du niveau marin, émigration forcée… - soumettraient les capacités de gestion et d’adaptation des sociétés humaines à rude épreuve.

(1) Min et al. Nature, 17 février 2011.
(2) Pardeep Pall et al., Nature.
(3) Simon Lewis et al., Science du 4 février 2011.
(4) Linda Beaumont et al. Pnas, 24 janvier 2011.
(5) Philosophical Transactions, 13 janvier 2011."

mardi 26 avril 2011

L'énergie en 2050 : un enjeu qui dépasse la France : www.Roadmap2050.eu

Et si la solution énergétique devait se trouver dans un projet européen à l'échelle continent ?
une opportunité de relancer l'Europe et agir de facon unie et mutualisée ?

Consultez le scénario Roadmap 2050 sur http://www.roadmap2050.eu/   ! et son FullBook

Séduisant ?

Certains s'attachent déjà à en analyser son coût ! (7 000 milliards d'euros ...!)

lundi 25 avril 2011

"Fukushima : «29.900 microsieverts...» oui, mais c'est quoi un sievert ?"

Voici un article précieux dans Libération, par Sylvestre Huet : ou comment on peut brouiller les pistes par un langage volontairement compliqué ou pas...

En effet, il y a radio-activité et radio-activité : tout ne se vaut pas.
Soyons inquiet quand il y a réellement raison de l'être.

Car contrairement à ce que beaucoup pensent : la radio-activité est naturelle, nous entoure, et peut tuer, être inoffensive (les faibles doses) ou même guérir...! (l'effet supposé baptisé "hormesis"). Tout dépend des modalités d'exposition (ingestion ou pas, organe concerné, faiblesse immunitaire, etc...)

Extrait :

 
 
Pour en savoir plus sur les unités de valeur :
 
- Une définition simple par l'Autorité de Sureté Nucléaire ou par Areva
- Des tableaux éclairants

mardi 15 mars 2011

Energie et gestion des risques pour la planète


L'énergie, dont notre civilisation se gave depuis maintenant longtemps sans trop de discernement, comporte un cout élevé en matière de risque écologique. On l'oublie souvent tant les accidents sont dillués et plus ou moins visibles (coup de grisous, marées noires, altération des sols, acidification des océans, futurs réfugiés climatiques, etc...)

L'incident récent dans les centrales nucléaires du Japon nous le rappelle douloureusement.

Grâce à notre société démocratique, c'est l'occasion d'en tirer les conséquences et de diffuser encore davantage les éléments du débat, tout en se gardant de tomber dans l'irrationel et l'instrumentalisation des peurs par les lobbies en recherche de pouvoir.

Les centrales japonaises sont elles représentatives du très faible risque envisagé en Europe ?
Combien de victimes graves seront avérées pour cause de radio-activité ?

Il est trop tôt pour conclure, mais on peut déjà dire que la maturité technologique de ces centrales japonaises n'est pas adaptée au risque effectif local.  Et même si peu de morts et malades sont attestés, l'anxiété et l'effet nocebo suffit en soi à considérer un dommage majeur pour une population.

Comme on le sait, le pétrole, le gaz, le charbon, la construction des matériaux de l'énergie renouvelable coûtent cher en impact humain (pollutions massives, changements et réfugiés climatiques, rupures de barrages, ...).
Il est clair que le nucléaire ne fait pas exception même s'il est, à ce jour, l'un des plus vertueux en la matière.

Quand un avion s'écrase et occasionne 200 morts, on rappelle traditionnellement les 4000 morts sur la route.
Dans l'énergie ça doit être la même chose...?
Quand un centrale fuit, faut-il se référer aux millions de victimes du CO2, de pollution de l'air / eau / sol, et des pertes irrémédiables de réserves naturelles terrestres ?

Parenthèse : Effectivement si une éolienne s'écroule, elle ne devrait pas faire de victime. La question est que leur intermittence n'est pas comparable au service rendu par une centrale (fossile ou nucléaire)...
Même les réseaux intelligents, tentant d'équilibrer une production sur un vaste territoire, paraissent ambitieux en cas d'anticyclones répétés.  Idem pour les panneaux photovoltaïques.


Comme toute catastrophe, ceci est donc une opportunité pour enfin s'emparer des défis qui sont bien connus : engager une politique vraiment volontariste en matière d'économies et d'efficience.

Jusqu'ici, la filière nucléaire a réalisé un excellent travail en produisant une énergie électrique abondante. C'est le politique qui a tardé à agir sur son domaine, abusant d'un atout durement obtenu.

Fort de la prise de conscience populaire, on peut espérer que notre société va pouvoir infléchir sa politique et viser enfin un usage plus sage de l'énergie de notre planète.

Mais il ne faut pas se tromper de priorités car la marge financière est réduite.

Ce n'est pas le nucléaire dont il est urgent de se départir, mais plutôt les énergies fossiles.
Et les centrales ne sont évidemment que très modérément dépendantes de l'uranium.

L'électricité, à 80% déjà décarbonnée en France, ne représente qu'une modeste partie de l'énergie consommée en France. C'est donc sur les autres axes que l'effort doit être engagé : les transports (frêt, individuel, ...) le résidentiel et le tertiaire (chauffage, eau chaude sanitaire), l'industrie, etc...

Seuls comptent les actes pour réduire ces impacts. Economie d'énergie, énergies soutenables écologiquement, investissement en recherche et développement, telles doivent être, semble-t-il, nos orientations désormais.

L'exigence immédiate d'une énergie propre et bon marché n'est qu'un voeux pieu, sans intéret réel s'il n'est pas adossé à des propositions crédibles.

Plutot que des imprécations, c'est l'action qui compte, au niveau individuel comme collectif.

Mon gouvernement est-il suffisamment volontariste ? Combien consomme ma voiture, combien de km par an ? Mes fenetres et mes murs sont-ils isolés ? Combien de viande et de produits transformés dois-je consommer annuellement ? comment puis-je être informé pour orienter mes choix ? etc...



A ce sujet, certains tentent une reflexion honnete et rigoureuse : écoutons les ?

Extrait :

"Jean-Marc Jancovici est un de ces écologistes convaincu que la guerre engagée contre le réchauffement ne peut pas se passer des centrales atomiques. Cet expert des problèmes d’énergie fait enrager les militants anti nuclèaires. Il persiste, argumente et signe.




Le Nouvel Observateur. - Dans votre livre [1], vous expliquez que si nous ne laissions à la génération de nos enfants que des déchets nucléaires en héritage, ce serait une bonne nouvelle. Vous qui êtes l’un des artisans de la taxe carbone à la française, qui refusez l’usage du portable et évitez l’avion pour limiter les émissions de CO2, vous persistez et signez ?


Jean-Marc Jancovici. - Je persiste et je signe, parce que la menace que fait peser l’usage des combustibles fossiles est telle qu’il faut tout faire pour la diminuer aussi vite que possible. Si la gestion des déchets nucléaires est le seul souci que je laisse à ma fille, ça serait même « Alice au Pays des Merveilles ». Vous connaissez le réacteur naturel d’Oklo au Gabon ? [2] Dans ce site très riche en uranium, une réaction en chaîne s’est produite il y a deux milliards d’années, sans la moindre intervention humaine, suite à une infiltration d’eau dans l’uranium du sol. Depuis, les déchets radioactifs sont restés enfouis dans le sous-sol sans contaminer l’environnement. Le volume de déchets nucléaires produits en un an est de 200 tonnes, à comparer à 100 000 tonnes de produits phytosanitaires dispersés dans la nature, dont certains sont presque aussi toxiques que les déchets nucléaires.




N. O. - Vous écartez un peu vite le risque d’un accident grave. Selon une enquête sanitaire de 2006, le nombre de victimes dues à la catastrophe de Tchernobyl serait cinquante fois supérieur au bilan officiel de 4 000 morts…

J.-M. Jancovici. - A ce stade, je n’ai jamais vu passer une étude épidémiologique probante qui permette de fixer un chiffre, mis à part les 50 ouvriers qui sont morts d’irradiation et les 4 000 enfants qui ont développé un cancer à la thyroïde, dont 10% en mourront. Un accident tragique, mais sans commune mesure avec le charbon qui, entre mines et pollution, tue de l’ordre de 100 000 personnes par an dans le monde sans déclencher autant d’émoi dans notre pays !



N. O. - Quels sont à vos yeux les « avantages » relatifs du nucléaire ?

J.-M. Jancovici. - Le nucléaire fait partie du traitement de l’effet de serre parce qu’il émet peu de CO2. Les centrales à charbon, elles, engendrent 20% des émissions mondiales de ce gaz. C’est plus que tous les transports réunis : voitures, camions, trains, bateaux et avions. Le nucléaire n’est certainement pas toute « la » solution. Mais l’un des éléments. Les pays qui n’ont pas de nucléaire ou qui l’ont arrêté recourent à la houille. C’est le cas des Etats-Unis, du Danemark et de l’Allemagne.



N. O. - Et pourquoi ce choix paradoxal ?

J.-M. Jancovici. - Parce que c’est la solution préférée de l’actionnaire ! Le nucléaire, en coût d’installation, revient à 3 000 euros le kilowatt. Le charbon à 1500 euros, et le gaz à 500 euros. Les vrais concurrents du nucléaire sont le charbon et le gaz. Pas l’énergie éolienne. J’ajoute que la libéralisation de l’énergie en Europe, qui incite à confier la production d’électricité à des sociétés privées, accélère la fuite en avant vers les énergies fossiles. C’est plus simple et moins risqué pour elles - et pour leurs banques - d’immobiliser des capitaux pendant trois ou quatre ans, le délai de construction d’une centrale à charbon, que pendant les huit années nécessaires à la mise en oeuvre d’une centrale nucléaire.



N. O. - Dans votre analyse, les énergies renouvelables n’ont pas la cote. Pourtant la Suède, qui produit déjà 40% de son électricité grâce aux barrages, aux éoliennes et à la biomasse, assure pouvoir se passer de pétrole et de charbon dans les quinze prochaines années sans augmenter son parc nucléaire…

J.-M. Jancovici. - C’est exact. Mais les Suédois sont seulement 9 millions d’habitants sur un territoire aussi vaste que la France, et ils disposent de ressources hydroélectriques et de biomasse considérables. Reste que les énergies renouvelables seront un précieux recours, mais pas avant 2040 ou 2050. Dans l’immédiat, le principal moyen pour desserrer l’étau de la « contrainte carbone » consiste à réduire notre consommation, à capturer et à séquestrer le CO2, et à investir dans l’énergie nucléaire.



Propos recueillis par Guillaume Malaurie.



Jean-Marc Jancovici [3], Le nucléaire ? Oui merci !, Le Nouvel Observateur, N° 2352, 3 déc. 2009, 3,5 €.



Approfondir ? Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le sujet de l'énergie, voici une video éclairante de 1h40 à consulter.

lundi 21 février 2011

Le nuage de Tchernobyl en France et en Eurasie : la vérité des faits

Le nuage de Tchernobyl : la video ici !

Dès la mi-mai 1986, les taux de radioactivité dans l'environnement ont considérablement chuté (c'est pourquoi cette vidéo d'animation s'arrête au 9 mai).


En effet l'incendie du réacteur (qui était à l'origine des rejets) avait cessé d'une part, et d'autre part le principal élément radioactif rejeté dans l'environnement, l'iode 131 a une demi-vie de 8 jours seulement, et il s'était alors en grande partie déjà décomposé.

Ces informations sont parfaitement cohérentes avec les déclarations faites en son temps par le Pr Pierre PELLERIN qui avait annoncé l'arrivée du nuage radioactif en France dès le 30 avril en rédigeant et en envoyant à la presse le jour-même un communiqué de presse informant les journalistes de l'arrivée du nuage, en précisant ensuite jour après jour les jours suivants la valeur des chiffres de contamination dans chaque région aussi bien aux autorités de notre pays qu'à la presse.


Ceci était possible car le Professeur PELLERIN avait fait installer sur tout le territoire français, dans chaque département, un réseau de balises de mesures permettant de surveiller la radioactivité dans l'environnement (pas seulement sur les sites nucléaires), ce qui n'existait à l'époque qu'en France.


Compte tenu des délais de publication (les journaux ne paraissant pas le 1er mai) cette information annonçant l'arrivée du nuage radioactif sur notre pays a été publiée dès le le 2 mai 1986.

Désinformation

Voir par exemple à ce sujet l'article de Libération du 2 mai 1986 qui publie l'information envoyée par le Pr PELLERIN, en y consacrant seulement un petit paragraphe (que peu de lecteurs auront remarqué) en pages intérieures : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Tch-libe-PP-augm-2-5-86.jpg

Dix jours plus tard, le 12 mai 1986, exactement le même journal (Libération) que celui qui avait publié le 2 mai l'annonce de l'arrivée du nuage sur la France (contrairement à ce qu'il prétend le 12 mai) se contredit alors en écrivant l'inverse, prétendant que les autorités françaises auraient menti en dissimulant jusque là l'arrivée du nuage sur la France.

Voir l'annonce du mensonge (c'est la première fois qu'on voit apparaître le mot "mensonge") :

voir : http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Tch-libe-mensong-12-5-86.jpg
Cette fois cet article, retentissant, beaucoup plus long, fait la "UNE" de la couverture de LIBERATION avec le titre-choc "LE MENSONGE RADIOACTIF" s'étalant en grands caractères en travers de la couverture du journal.

Ce "mensonge" (des journalistes) est devenu célèbre, mais en l'imputant au Pr PELLERIN (qui avait pourtant dit la vérité) à tel point que ce fameux "MENSONGE" (faussement attribué au Pr PELLERIN) fait encore l'objet aujourd'hui de nombreuses citations et couvertures de magazines 15 ans plus tard.


Autres sources :




http://ecolo.org/letters/letters.in.french/JBOURD.M612_02.htm
Extrait :
* doses reçues suite à l'accident de Tchernobyl en milisievert (mSv) : 0,6 en Grèce suivie de l’Allemagne (0,4) et de l’Italie, en 9 e position : la France avec 0,09 (mais des zones à 0,17), alors que nous subissons chaque année une dose moyenne de 3,4, et qu’une radiographie dentaire apporte 0,2, une radio pulmonaire 1, un scanner abdominal 15 par coupe, un an à 2000 m d’altitude 1,5, la dose létale étant de 4000 mSv (à condition que cette dose soit reçue en un temps très court).